• p4110007

État de la faune de la Forêt Montmorency/ 25 mars 2019

RÉSUMÉ DE LA CONFÉRENCE PRÉSENTÉE PAR ANDRÉ DESROCHERS

25 MARS 2019

État de la faune de la Forêt Montmorency

Conférence donnée par André Desrochers le 25 mars 2019 

Cette conférence présente l’évolution temporelle des peuplements, le bilan des mammifères et des oiseaux, ainsi que les enjeux de gestion de la faune considérant les tendances observées. Ce travail n’aurait pas été possible sans le financement de l’université et des organisations suivantes : CRSN, FRQNT, Environnement Canada et la fondation de la faune du Québec. Sans compter le travail de 59 étudiants au Baccalauréat, un étudiant au DESS (France), 8 doctorats, 20 maîtrises et une stagiaire postdoctorale.


Végétation
L’évolution temporelle des peuplements à la forêt Montmorency témoigne d’une grande instabilité depuis 1964, tel qu’indiqué à la Figure 1. Cette instabilité est prise en compte dans les modèles de dynamique d’espèces fauniques.

Figure 1. Évolution temporelle des classes d’âge des peuplements de la FM (412 km2) et de la FMa (66 km2) depuis 1964.

L’évolution temporelle des populations de mammifères a été quantifiée grâce à un programme de pistage hivernal démarré en 2004. Ce programme cumule 2785 km de transects sur l’étendue de la FMa (ancienne partie de la FM). Il totalise près de 80 000 pistes de 14 espèces dominées par le lièvre d’Amérique (31k pistes), l’écureuil roux (12k), l’orignal (4,7k) et la martre d’Amérique 3,8k). Ce programme ne produit pas de données sur les campagnols et autres micromammifères, car ces derniers vivent essentiellement sous la neige. Les indices de population basés sur des pistes sont fortement corrélés avec ceux dérivés des données de piégeage dans la province[1] indiquant qu’elles présentent un portrait réaliste des tendances de population. Toutes les espèces de mammifères, excepté la martre et le lynx (Figure 2), montrent une tendance stable, avec de fortes variations interannuelles.

Figure 2. Tendances récentes de la Martre d’Amérique et du Lynx du Canada à la forêt Montmorency.
Les totaux annuels de pistes d’orignal ont triplé depuis 15 ans, mais dans le cas de cette espèce comme du lynx, les indices de population sont discutables à cause du faible nombre d’individus sur le territoire.


Plus de 150 espèces d’oiseaux ont été observées à la forêt Montmorency. On les surveille depuis 1995, sur l’étendue du territoire (FMa + FMb), avec des stations ponctuelles d’inventaires réalisées en saison de nidification (1er juin au 15 juillet). Nous avons recueilli plus de 73 000 observations d’espèces, et les modèles statistiques indiquent que parmi les 32 espèces pour lesquelles nous avons suffisamment de données, 11 sont stables, 21 en augmentation et aucune en déclin depuis 1995[2]. Bon an mal an, les trois quarts des adultes produisent des couvées, un taux de succès remarquablement élevé comparé à d’autres grands écosystèmes[3]. Depuis 2014, nous avons concentré nos efforts sur la Grive de Bicknell (espèce en péril), particulièrement la description de son habitat. Nos recherches indiquent que l’espèce n’utilise que 10-15% de l’habitat disponible[4]. Il manquerait de grives plutôt que d’habitats.

Perspective
À l’exception possible de la martre, les indicateurs fauniques de la FM sont tous stables ou positifs. Par conséquent, aucune mesure d’urgence n’est conseillée. Les défis pour les prochaines années seront de maintenir l’intégrité des programmes de surveillance. Il serait par ailleurs pertinent d’élargir la surveillance à d’autres taxons, notamment les micro-mammifères, et les insectes.

Références

[1] Kawaguchi T, Desrochers A, Bastien H, 2015. Snow tracking and trapping harvest as reliable sources for inferring abundance: a 9-year comparison. Northeastern Naturalist 22:798-811.
[2] Desrochers A, Drolet B, 2017. Le Programme de surveillance des oiseaux nicheurs de la forêt Montmorency : une nouvelle source de tendances des populations d'oiseaux nicheurs pour la forêt boréale au Québec. Naturaliste Canadien 141:61-74.
[3] Corbani AC, Hachey M-H, Desrochers A, 2014. Food provisioning and parental status in songbirds: can occupancy models be used to estimate nesting performance? PLoS ONE 9:e101765.
[4] Aubry Y, Desrochers A, Seutin G, 2018. Bicknell's Thrush (Catharus bicknelli) habitat occupancy in Québec's Laurentian Highlands. Avian Conservation and Ecology [en ligne] vol 13.

Informations

Fiche descriptive